À travers les remous d’un vieil océan, je touche du doigt les pupitres d’une leçon sur l’ennui. Tout autour, c’est une forêt de boisement enfantin. On entraperçoit à travers les branches une lointaine canopée dégarnie, adossée à flanc de montagnes à la renverse. Mettons un pied dehors à travers les pavés : nous voici sur une plage de millions de grains d’heures, chauds comme un vieux radiateur, humides comme le bout de nos nez en hivers quand nous jouions autour du vieux chêne.
Saisissant des perles de futur, nous y arrangions des maisons de poupée léguées par nos parents. En y entrant, l’entropie du présent nous suivît. Dans chaque lézarde, une histoire sans queue ni tête. Que voulait dire telle remarque affûtée ? On l’aura pris avec une entaille à la main. Pourquoi elle ne me parlât plus ? À 10 ans c’était ma faute, à 25 ans le résultat d’un abscons travail adulte de division sans retenue des hors-jeu.
Au-delà des murs, un fleuve, des possibilités fantastiques qui ont su rester lettre en encre invisible. En traversant à travers méandres les milliers de pont de bon matin, de vieilles espérances étaient remontées. Elles s’envolèrent dans un ciel d’un futur contrefactuel, en dessous duquel tu n’étais pas. Tu suivais les lignes du tram vers un vieux terminus ou suffoque un gas de molécules couplées, sans gare pour les amitiés covalentes qui ont rendu la vie possible sur Terre.
Tu as été nombreuse à défaire l’aromatique polycyclique : parfois, il n’y avait plus qu’un benzène errant dans les rues, entre ces tours aux milliers d’yeux, abrasant du regard tous les horizons. Je voyais plus que jamais ces colonnes de “et si” déchirant la fumée de la ville. Je les vois de nouveau : c’est un rhizome qui pourrait, qui ferait, qui parfois est, que je peux, que tu peux, qu’on peut faire et refaire. Il touche au fond des cœurs un cri de désespoir, c’est pourquoi on ne veut pas le regarder.
J’y suis déjà, alors je regarde à travers ses fines racines comme des fibres optiques : au dedans, des images d’un groupe d’ami·e·s qui déjeunent à l’ombre d’un écheveau de liens bariolés bricolés pour le moment, pour iels.
Ici le but était d’insister sur les déplacements inattendus et les emboîtements étranges d’espaces. Cela s’est rapidement mélangé aux liens temporels en fait, car la mise en analogie est assez naturelle.