Zigzag des âmes isolées câblées en séries limitées, on zappe les amarres et voyez-en les terres à l’autre bout de ce tintamarre. Il n’est ni drôle ni à faire ni à nier bien que l’oiseau de nids à nids tisse ses ramages d’un coup de craie.
Il est quatre heures et un kilomètre et trois grammes plus ou moins un mot doux — qui passe dans nos oreilles rugueuses puis par un couloir, donnant sur deux couloirs, donnant chacun sur quatre pattes le soir, avant qu’au champ du coq on laboure les théorèmes déconstruits sans se salir les serpentages des âmes en fête.
Un peu moins et c’était la débandade des spires rouges de honte. Les sbires de notre monde sont en voie de s’écraser contre les vagues de rocs en roue libre de tous nos péchés, de nos ombres du matin, et d’un petit peu moins de ronces sèches sous lesquelles nichent :
des papillons en oxyde de cuivre
Style classique de l’époque de l’écriture automatique. J’ai essayé d’éviter de filer les métaphores et d’avoir un propos conscient. Par exemple sur la première phrase ça risquait de partir en dénonciation en boucle de l’abrutissement par la TV/réseaux sociaux vu ce que je sortais, et c’est bon quoi c’est du vu et revu.
Ce n’était donc pas tout à fait automatique, mais la technique n’a jamais réellement marché comme prévu de toute façon. Ça a bien été écrit d’un trait et avec très peu de corrections et d’effacements, sans avoir d’emblée une idée précise en tête à part le début “zigzag des âmes”.
J’ai réussi à établir une sensation de cohérence en reprenant des mots et thèmes je pense, un peu comme Tzara dans L’homme approximatif, là ou nombre d’exemples des revues littéraires des débuts partent d’un point sans jamais y revenir.
Pour noter ce à quoi je pensais, sans que ça soit une interprétation :
Sur la première phrase, “âme” évoquait plutôt l’âme spirituelle ou l’esprit, avant d’être pris comme l’âme des cables électriques, amenant donc sur le champ lexical des circuits. Après on a la répétition des sons n + voyelle, et donc de vouloir dire “de nid en nid”, m’amenant aux oiseaux. Avec l’idée de réseau et de toile (le web) on va sur tisser, et je suppose que le coup de craie c’est la blancheur de la toile + la vitesse de l’oiseau.
Deuxième paragraphe, je pensais à l’horloge parlante et autres mesures précises, mais parodiées. Mot doux => oreilles rugueuses, c’est un peu simple mais c’est toujours sympa. Le conduit auditif devient ensuite un couloir, qui devient fractale, et pour éviter trop de répétition, on part sur l’énigme du sphinx. Comme ça introduit un moment de la journée, je pars sur “le matin”, avec le champ du coq, coq le prouveur de théorème renommé rocq, on mélange ça à la ruralité => labourer des théorèmes, mais déconstruits par opposition au calculus of constructs sur lequel est fondé rocq (me demandez pas d’explication sur ce que c’est, je sais juste que c’est des maths constructionnistes sans tiers exclus).
Troisième paragraphe qui introduit un côté narratif, un enjeu avec “un peu moins”, même si on ne sait pas trop ce que ça peut bien être cet enjeu. À la base les sbires devaient être “de l’autre monde” mais ça allait sur un propos comploto-démoniaque plan plan je trouvais, donc j’ai changé, et le résultat est peut-être plus intéressant. On continue sur le côté dynamique avec l’aspect inchoactif “sur le point de”, suivi d’un petit renversement sur “les vagues s’écrasent sur les rocs” => “s’écraser sur des vagues de rocs”. “Tous nos péchés” vient de “La glace sans teint” de Soupault. Avec les ronces j’ai voulu revenir sur le côté déplacement dans un espace étrange et bucolique/sauvage.
J’ai bien aimé la trouvaille “papillons d’oxyde de cuivre” donc je l’ai mise en avant et ça faisait conclusion/titre.